Seule en scène à l'autodérision salvatrice

C’est l’histoire troublante d’une petite fille qui est sans cesse ramenée à une identité et à une communauté qui n’est pas vraiment la sienne. Cette partie d’elle que tout le monde voit, qui la précède où qu’elle aille, cette « tête d’arabe », personne de sa sphère intime n’en parle jamais. Déni familial collectif. La petite fille, puis l’adolescente se construit tant bien que mal dans cette dissonance entre l’image qu’elle renvoie et son intériorité. Adolescente, à la mort brutale de son père, elle développe, par haine de son corps et de ce qui est « étranger » en elle, une maladie de peau qui la handicape au quotidien et qu’elle cache… car ce nouveau stigmate, elle peut enfin le dissimuler.

Sur scène, Yasmine reconstruit devant nous le puzzle d’une existence empêchée par un défaut d’origine et par la perte d’un père fantasmé, jusqu’à cette blessure intime qui aura symboliquement marqué son corps. Sur le plateau, les voix du passé dialoguent avec la voix de la femme devenue adulte qui transforme, devant nous, sa honte en outil de liberté.

Comment s’aimer quand celui qui vous a fait vous oppose un silencieux rejet ? Seule-en-scène autobiographique, Défaut d’origine met en lumière les liens puissants du corps intime et de la détermination sociale en donnant à voir, pour les dépasser, les thèmes du racisme ordinaire, de la honte de soi, du deuil précoce. Une mise à nu d’une grande dignité qui vous fera hérisser tous les poils. Un jeu percutant de justesse, un spectacle intense en émotions, à l’autodérision salvatrice.

Prix Maeterlinck de la Critique 2023 - Yasmine Laassal, meilleur Seul·e·s en scène

[…] une pièce sans accroc, un summum de théâtre fort, sincère et bouleversant. Dans ce spectacle, Yasmine Laassal se livre avec une lucidité désarmante mais aussi un humour fleuri comme le jasmin. […]
Une pièce indispensable, une écriture puisée à l’encre de profondes blessures mais qui trace un flamboyant chemin de résilience.
Le Soir, C. Makereel

Écriture, jeu et costumes : Yasmine Laassal. Écriture, mise en scène, scénographie et vidéos : Bouchra Ezzahir. Création et régie lumière et son : Gaëtan Van Den Berg. Par le Théâtre des Chardons.